Vidéos: Greg Joy, Athlétisme
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Transcription de la vidéo
Ce fut une époque, disons, fort intéressante, avec tous les retards dans la construction des installations olympiques, le stade inachevé, toute cette polémique autour de l’organisation des Jeux d’été à Montréal, tous ces gens impliqués dans des histoires de toutes sortes, toute cette pression. Je m’en sortais bien toutefois, car je vivais au Texas, je fréquentais l’université et j’avais décidé de rester au Texas jusqu’aux Jeux. Alors, je n’ai vraiment pas vécu cette pression, je n’étais pas ici sous l’œil constant des gens.
Dwight Stones, détenteur du record du monde, était mon plus féroce adversaire. Nous avons commencé à nous affronter en compétition dès 1973. Je crois que la première fois que nous nous sommes retrouvés ensemble dans une compétition ce fut à Stockholm en 1973, puis ça n’a jamais lâché. Alors, oui, il était l’homme à battre. Dans ma tête, si j’arrivais à le battre, je gagnerais l’or. Mais ça n’a pas été le cas [ricanements]. Mon objectif était la médaille d’or, rien de moins. C’est la seule chose à laquelle je pensais. Alors, quand j’ai dû faire face à mon troisième essai à 2 m 18 à cause de la pluie et après avoir changé de chaussures, pas de doute dans ma tête, j’allais réussir à franchir la barre, car j’étais là pour gagner. Très sincèrement, quelle déception ce fut de terminer au deuxième rang.
Mais l’ambiance était pour le moins électrisante. Quoi de mieux que 73 000 personnes qui sont là, derrière vous, qui vous encouragent de leurs cris. Je n’avais rien à perdre, je me suis donc donné à fond. Et j’avais déjà sauté dans de pareilles circonstances auparavant. La première fois que j’ai réussi à franchir la barre des sept pieds, ce fut à mon troisième essai. Beaucoup de mes meilleurs sauts ont été réalisés au troisième essai, alors j’avais confiance et je savais que j’avais la capacité de faire abstraction de tout ce qui se passait autour de moi. Je savais que je pouvais le faire. La barre était à 2 m 23, une hauteur que j’avais déjà franchie dix fois de suite, avant les Jeux olympiques; je savais que j’étais prêt. La confiance est là, au moment où vous vous présentez sur le terrain, et vous vous dites, allons-y, tout est possible; c’est parfaitement ridicule, pourquoi ai-je manqué mon coup deux fois de suite, il suffit de se laisser aller. Alors, tous les morceaux sont tombés en place, c’était formidable, j’ai réussi à franchir la barre, assez facilement finalement. Et si vous regardez la vidéo aujourd’hui, vous pouvez voir que je me suis amusé en le faisant.
Jacek était sur la première marche du podium et il m’a dit de venir le rejoindre. Je lui ai dit non, que c’était sa place à lui. J’étais déçu, bien évidemment, car je ne méritais pas d’être sur la première marche. Beaucoup de champions olympiques invitent leurs adversaires à venir les rejoindre, mais moi je ne pouvais pas, car j’étais deuxième et c’est la place que je méritais à ce moment-là. Jacek et moi étions des amis depuis des années. Juste avant d’entrer dans le stade, Hugh Fraser, un des sprinters de l’équipe, me regarde en disant : « Alors, c’est lui qui t’inquiète? » Et moi de répondre : « Non. C’est plutôt lui », en montrant du doigt Jacek. Il me demande pourquoi et je lui réponds : « Regarde ses yeux. » Alors, il me dit : « Vraiment? » Et je réponds : « Ses yeux ne mentent pas. Il est fin prêt. Tandis que l’autre est mort de peur. »